Catherine est née en 1976 dans les champs de fraises de ses parents à St-Apollinaire. Elle se souvient très bien avoir vu maintes fois ses parents ‘gentleman farmer’ fouiller les livres pour identifier les mauvaises herbes qu’ils voyaient et c’est une habitude qu’elle a gardée. Adolescente elle se passionnait pour le plein air et l’identification des plantes sauvages. Elle a toujours su qu’elle voulait entreprendre un projet sur la terre familiale sans nécessairement savoir quoi.
En 2004 elle se lance dans la production de paniers de légumes diversifiés, plusieurs années avant que ce soit devenu populaire. Après quelques années à cultiver dans un sol sablonneux plus ou moins bien préparé et sans irrigation, elle constate que les semences à pollinisation libre produites localement sont souvent les plus performantes et qu’il existe des millions de variétés intéressantes. Elle veut absolument les goûter, les tester et les comparer dans le but de trouver les plus savoureuses et celles qui sont les mieux adaptées à ses conditions de culture.
Elle assiste pour la première fois, en tant que cliente, à la Fête des semences de son village en 2007, et c’est là qu’elle découvre le métier de semencière. Pendant une visite au Jardin Botanique de Montréal, elle est fascinée par la section Potager ornemental du jardin. Elle juge que c’est ce qui représente le mieux ce qu’elle veut faire et en fait son nom d’entreprise. Cet été-là est sa première saison de culture dédiée aux semences et elle se présente à la Fête des semences de St-Apollinaire pour la 2e fois en 2008, en tant qu’exposante cette fois-ci, avec une trentaine de variétés de fleurs et une douzaines de variétés de légumes. Son présentoir, fait de boîtes de carton de Advil récupérées illégalement dans le bac de recyclage de la pharmacie, fait fureur avec ses belles photos. L’entreprise est née.
Découvrir des variétés et les comparer entre elles demeure une motivation importante. Dans les premières années, les factures de semences pour les tests sont aussi élevées que les ventes et les jardins s’agrandissent à chaque saison. Dans les années ’80 et ’90, les champs de fraises ont été remplacés par des plantations d’arbres, si bien que la terre répond totalement aux besoins de la production de semences: plusieurs jardins sont répartis ici et là sur environ 12 hectares, séparés par des arbres matures qui limitent les déplacements des pollinisateurs d’un jardin à l’autre, ce qui permet de conserver la pureté des cultivars. Pendant les années qui suivent, elle ajoute toute la gamme de légumes possible.
Catherine et Isaac se rencontrent lors d’une visite de ferme en 2017. Il est soudeur depuis 20 ans pour l’entreprise de ses parents et sent qu’il en a fait le tour. Il sait depuis quelques années qu’il veut se réorienter en agriculture, mais cherche encore ce qu’il veut faire. Il visite plusieurs fermes et travaille à temps partiel pendant 2 saisons chez un maraîcher bio.
C’est en visitant les jardins du Potager Ornemental qu’il mange du cresson du Brésil* et tombe amoureux de Catherine et de son projet. À temps partiel au début, le temps de vendre sa maison en Estrie et de quitter l’entreprise familiale en douceur, il rejoint Catherine à temps plein au printemps 2020 et donne un second souffle à l’entreprise. Son efficacité et ses aptitudes font de lui quelqu’un de très polyvalent et d’indispensable pour de nombreuses tâches. L’important pour lui, c’est de permettre à Catherine d’exprimer toute sa folie semencière. Les factures de semences des variétés en test sont toujours aussi salées, mais essentielles pour découvrir ce qui fonctionne bien dans notre climat et selon nos conditions de culture.
* Le cresson du brésil est une plante aphrodisiaque…
Les années 2020 et 2021 ont été deux années de grande croissance pour l‘entreprise. Nous avons conclu des ententes de location de terrains avec 2 voisins en 2020, puis avec un 3e en 2021, ce qui nous permet de produire plus de variétés tout en conservant des distances d’isolement assez grandes pour assurer la pureté des cultivars. Avec plus de terrains, on s’est mis à manquer cruellement d’espace pour nos semis. Nous avons donc doublé la superficie de notre serre au printemps 2021. Plus de terrain, ça veut aussi dire plus de travail. L’achat d’un petit tracteur s’est imposé, puis la décision d’engager une première employée, Naomi, la fille aînée à Isaac, qui a quitté l’Estrie elle aussi pour se joindre à notre petite équipe. Avec ses expériences en champs chez un maraicher biologique et en serre chez un producteur de tomates et laitues, plus son habitude à continuer tant que le travail n’est pas terminé, sa présence parmi nous est un atout indéniable.